En effet, selon ce rapport sénatorial de mai dernier sur la « puissance agricole » française, il est fort probable que d’ici 2023 le secteur agricole et agroalimentaire enregistre son premier déficit.
Comment est-ce possible, alors que ces domaines font partie des traditionnels domaines pour lesquels la France enregistre un excédent commercial depuis de nombreuses années (même si celui-ci a été divisé par 2 entre 2011 et 2017) ?
Ce même rapport avance des pistes pour expliquer le phénomène :
Une production agricole française stagnante en volume alors que celle de ses concurrents augmente
Que ce soit au niveau des surfaces de terres cultivables, comme au niveau du nombre de salariés du secteur, la tendance est à la basse depuis de nombreuses années. La superficie des zones consacrées à l’agriculture fond depuis les années 1960 dans notre pays et en Europe, il y a des pays où c’est l’inverse : Brésil, l’Argentine ou encore la Chine.
Même constat pour la main-d’œuvre de ce secteur qui représentait environ 12 % de l’emploi en 1980 et qui est passé sous les 5.5 % de nos jours.
De plus, au sein de l’Europe, la France est également victime d’un dumping social important. Les écarts salariaux continuent d’augmenter au sein de l’Europe. « Le coût horaire français a augmenté de 58 % entre 2000 et 2017, presque deux fois plus rapidement qu’en Allemagne. » selon un sénateur rédacteur du rapport.
Les importations de produits agricoles augmentent alors que leur respect des normes exigées en France n’est pas assuré
Un problème bien français : la « sur-réglementation » ! Des normes, des contraintes dans tous les sens, que les autres pays européens ne supportent pas et qui jouent négativement sur la compétitivité des produits agricoles français. D’après l’OCDE, le degré d’exigence des politiques environnementales était bien supérieur en France que dans la moyenne des autres pays.
En France, depuis 2000, les importations de produits du secteur agricole ont connu une hausse de 87 % alors que dans le même temps les exportations, elles, ne progressaient que de 57 %.
Enfin, terminons en précisant que si le secteur agricole est souvent cité comme l’un des domaines phares de l’export tricolore, il faut noter que l’excédent enregistré est principalement dû à la filière viticole. Il apparaît que sans le vin et les spiritueux, l’hexagone aurait un déficit commercial agricole de plus de 6 Mds d’euros...
Reste à espérer que les menaces de Trump sur le vin français n’accélèrent pas le déclin du secteur agricole français !