L'UE et l'Australie ne parviennent pas à s'entendre sur un accord de libre-échange

L'UE et l'Australie ne parviennent pas à s'entendre sur un accord de libre-échange

morelle Par Le 2023-11-02

Malgré plusieurs années de négociations (depuis 2018), l'Union européenne et l'Australie n'ont pas réussi à conclure un accord de libre-échange qui devait renforcer leur partenariat stratégique et leur coopération dans de nombreux domaines. Les deux parties se sont heurtées à des divergences importantes sur le plan agricole, notamment sur les questions liées aux indications géographiques, aux normes sanitaires et phytosanitaires, et aux subventions.

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Les points de divergences

En pratique, les deux parties peinent notamment à se mettre d'accord sur l'ouverture du marché européen aux exportations australiennes de viande ovine, de bœuf et de sucre.
La question de l'accès des produits agricoles européens et les appellations d'origine protégée européennes (fromages, vins, viandes...) complique en effet la donne. L'Australie voulant pouvoir exporter du roquefort, de la féta ou encore du jambon de Parme, ce que refuse l'Union européenne Cette dernière a soumis à l'Australie une liste de plus de 400 produits associés à ses territoires qu'elle souhaite protéger. De son point de vue, l'usage du terme « roquefort » doit être réservé aux fromages au lait de brebis fabriqués autour du village français éponyme.
Et seuls les producteurs hollandais devraient pouvoir revendiquer l'appellation « gouda », un fromage fabriqué aux Pays-Bas. Des exigences auxquelles refuse de céder Canberra. « Après la Seconde Guerre mondiale, l'Australie a connu une forte vague d'immigration arrivée de l'Europe », a expliqué début juin Murray Watt. « Nos producteurs ont ramené leurs produits de leur pays d'origine et les ont fabriqués ici ». Le ministre déclarait alors que si « l'Australie ne parvient pas à obtenir un bon accord, mieux vaut ne pas en conclure du tout ».

L'Australie critique l'UE...

L'Australie a rejeté les propositions de l'UE, faute d'avancées suffisantes sur ces sujets. Le ministre australien du Commerce, Dan Tehan, a déclaré que l'UE n'avait pas fait preuve de la flexibilité nécessaire pour parvenir à un accord équilibré et mutuellement bénéfique. Il a également exprimé sa déception face à la volonté de l'UE de protéger plus de 400 produits sous le régime des indications géographiques, ce qui limiterait la capacité des producteurs australiens à utiliser des noms comme feta, parmesan ou champagne.

...L'UE critique l'Australie !

De son côté, l'UE a regretté que l'Australie n'ait pas accepté ses demandes en matière de protection des consommateurs et de l'environnement. Le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis, a souligné que l'UE attendait de ses partenaires commerciaux qu'ils respectent ses normes élevées en matière de sécurité alimentaire, de bien-être animal et de développement durable. Il a également rappelé que l'UE était prête à offrir à l'Australie un accès préférentiel à son marché de plus de 450 millions d'habitants, à condition qu'elle s'engage à respecter les règles du commerce équitable et à contribuer à la lutte contre le changement climatique.

L'échec des négociations sur l'accord de libre-échange est un coup dur pour les relations entre l'UE et l'Australie, qui avaient signé en 2017 un accord-cadre visant à renforcer leur coopération politique, économique et culturelle. Cet accord est entré en vigueur en octobre 2022, mais il ne couvre pas les aspects commerciaux. Les deux parties ont affirmé qu'elles restaient attachées à leur partenariat stratégique et qu'elles continueraient à dialoguer sur les questions d'intérêt commun, notamment dans le cadre du G20, de l'OMC et du Forum Asie-Europe.