Le Mercosur, porte d’entrée en Amérique du Sud
Conclu le vendredi 28 juin entre l’Union européenne (UE) et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), l’accord commercial doit permettre d’accroître considérablement les échanges entre les deux régions.
C’est d’abord la suppression de plus de 90 % des taxes à l’importation sur les produits européens (valeur estimée : 4 milliards d’euros) ! Réciproquement, l’UE supprimera 92 % des taxes actuellement en vigueurs sur les produits en provenance des pays du Mercosur.
Exemples de produits impactés par l’accord :
- Industrie : les droits de douane du Mercosur seront progressivement éliminés sur les voitures (35 %), les pièces détachées (14 à 18 %), les équipements industriels (14 à 20 %), la chimie (jusqu’à 18 %), l’habillement (jusqu’à 35 %) ou les produits pharmaceutiques (jusqu’à 14 %).
- Produits agricoles : les taxes du Mercosur sur le vin (27 %), le chocolat (20 %), les spiritueux (de 20 à 35 %), les biscuits (16 à 18 %), les pêches en conserve (55 %), les boissons gazeuses (20 à 35 %) ou les olives seront supprimées.
- Fromages et aux produits laitiers de l’UE : ils bénéficieront, selon le commissaire européen à l’agriculture, Phil Hogan, de « larges quotas » sans taxes.
L’UE, elle, ouvre son marché aux produits agricoles sud-américains, sa concession la plus lourde, par le biais de quotas : 99 000 tonnes de bœuf par an à taux préférentiel (7,5 %), un quota supplémentaire de 180 000 tonnes pour le sucre et un autre de 100 000 tonnes pour les volailles.
Un volet « sauvegarde »
L’accord comprend un « mécanisme de sauvegarde », qui autorise les 2 parties à imposer des mesures temporaires pour réglementer les importations en cas d’augmentation inattendue et significative susceptible « de causer un préjudice grave à leur industrie ». Ces garanties s’appliquent aux produits agricoles.
Le Mercosur s’engage à protéger 357 « indications géographiques » européennes comme le jambon de Parme, le champagne, le porto ou le whisky irlandais. L’UE protégera également certaines appellations d’Amérique du Sud, comme la cachaça brésilienne ou le vin argentin de Mendoza.
L’accord contient une référence au « principe de précaution », garantissant que les autorités publiques pourront « agir pour protéger la santé humaine, animale ou végétale, ou l’environnement, face à un risque perçu, même lorsque l’analyse scientifique n’est pas concluante ».
Il inclut également un chapitre sur le développement durable qui couvre « la gestion durable et la conservation des forêts, le respect des droits des travailleurs et la promotion d’une conduite responsable des affaires ». Il fait explicitement référence à l’accord de Paris sur le climat.
Selon la Commission européenne, ce chapitre « comportera des règles claires et rigoureuses, ainsi qu’un mécanisme d’évaluation indépendante et impartiale de ces questions par un groupe d’experts », qui n’est pas détaillé.
Et le Vietnam ?
Côté Asie, l’UE n’est pas en reste ! C’est deux traités qui ont été signés avec le Vietnam à Hanoï fin juin : un accord de libre-échange (ALE) et un pacte sur la protection des investissements.
Si l’ALE doit permettre à terme de supprimer 99 % des droits de douane sur les biens entre les deux parties, il prévoit également une règle sur les conditions de travail, le respect de l'environnement et de la propriété intellectuelle, dans ce pays d'Asie du Sud-Est en pleine croissance, qui sert d'atelier de production pour de nombreuses marques occidentales, notamment dans l'électronique et la confection.
A travers cette entente l'Union européenne vise à consolider sa place au Vietnam, marché de plus de 95 millions de consommateurs, dont elle est l'un des principaux partenaires commerciaux. Les deux parties échangent chaque année pour environ 50 milliards d'euros de biens et 4 milliards dans les services, largement au désavantage des Européen
Alors que d’autres accords s’annoncent dans un avenir plus ou moins proche (l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Inde...) la polémique enfle sur cette stratégie d’ouverture de l’UE !