Le président Macron cherche-t-il à accélérer le Brexit ?

Par Le 2019-05-31

Début avril, Emmanuel Macron réitérait sa position de fermeté sur le Brexit, ajoutant qu’il s’agissait désormais de « respecter le vote britannique » sans toutefois « entraver le bon fonctionnement de l’Union Européenne ». La chancelière allemande, Angela Merkel, appelle de son côté à « ne pas se faire d’illusions » quant aux privilèges qu’elle pourra espérer obtenir de l’UE après le Brexit. Nulle ne saurait nier que les commentaires des dirigeants européens ont une forte influence sur les négociations et sur l’impact du Brexit sur le trading international. De fait, les traders surveillent de près les discussions, aussi agitées soient-elles, entre le Royaume-Uni et le reste du monde.

Quel est l’avenir des relations commerciales entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne

L’option no-deal

Si aucun accord de retrait n’est conclu avant le 31 octobre, nouvelle date à laquelle le Royaume-Uni quittera l’Union Européenne, le pays retrouverait de-facto sa position de « pays tiers », soumis aux règles de l’Organisation Mondiale du Commerce. Celles-ci impliquent notamment des droits de douane et des barrières commerciales qui se traduiront immanquablement par une forte inflation, une réduction du pouvoir d’achat et des pénuries qui inquiètent notamment le monde médical.

Le traité de divorce

Ce fameux document proposé maintes fois par la Premier Ministre Theresa May à la Chambre de Communes prévoit des mesures visant à préserver la circulation des marchandises, à protéger les expatriés européens vivant au Royaume-Uni et vice versa, et à empêcher le rétablissement d’une frontière entre les deux Irlande. C’est le meilleur compromis pour les grands groupes commerciaux et les investisseurs, mais à ce jour il reste rejeté par Londres.

En dehors de l’UE

Selon toute probabilité, l'Accord économique et commercial global (AECG) qui existe entre le Canada et le Royaume-Uni sera maintenu pendant la période de transition, mais le gouvernement canadien informe d’ores et déjà ses citoyens, et notamment les entités commerciales concernées par les relations avec le Royaume-Uni, que les relations préférentielles qui existent actuellement entre les deux nations devront tôt ou tard faire l’objet d’un nouvel accord bilatéral.

De son côté, la Suisse signait en février un accord commercial avec le Royaume-Uni, assurant ainsi la pérennité des relations entre les deux pays dont la valeur est estimée à 32 millions annuels.

A Washington, malgré les accords commerciaux promis à Theresa May par le président américain Donald Trump au lendemain du référendum, les ardeurs sont aujourd’hui plus tempérées. Trump déclarait en Novembre dernier que le deal de Mme May ne permettrait probablement pas aux USA de faire affaires avec le Royaume-Uni, et ajoutait que c’était en outre une excellente nouvelle pour le reste de l’UE.

En ce qui concerne Pékin, et alors même que le Royaume Uni et l’UE sont en plein bras de fer diplomatique, les dirigeants européens et Jean Claude Juncker multiplient les discussions avec le président XI Jinping visant à renforcer et élargir les relations avec la Chine. Toutefois, le président chinois a exprimé son désir de travailler avec les nations individuelles plutôt qu’avec le bloc européen. Les traders n’auront pas manqué de remarquer que cette démarche individualiste protège les marchés chinois de l’impact du Brexit. 

Une chose est certaine, Emmanuel Macron s’impatiente de voir le Brexit monopoliser l’agenda des sommets européens. Comme les traders et investisseurs britanniques et européens, il estime qu’il est temps de choisir la marche à suivre une bonne fois pour toutes.