Les terres rares, un enjeu international !

morelle Par Le 2021-03-23

Quel est le point commun entre une éolienne, un smartphone, une ampoule led  ou encore une voiture électrique ? Réponse, les terres rares. Depuis les années 1990, ce qui ressemble au départ à une simple poudre, est petit à petit intégré dans une multitudes de produits technologiques. En 50 ans sa production a été multiplié par 8 et selon les prévisionnistes la demande ne va faire que croître dans les prochaines années au point d’en faire un produit hautement stratégique pour les pays.

Le Dico du Commerce International vous emmène faire un tour en terre… rare !

Terre rare 2

Terres, métaux rares, quésako ?

Concrètement, l’expression « terres rares » ou encore « métaux rares » désigne un groupe de 17 minerais aux propriétés magnétiques particulières qui les rendent incontournables dans la fabrication de produits à haute technologie. Toutes ces matières portent un nom un peu compliqué, on trouve par exemple : le scandium, l'yttrium, et les quinze lanthanides (Lanthane, Cérium, Praséodyme, Néodyme, MineProméthium, Samarium, Europium, Gadolinium, Terbium, Dysprosium, Holmium, Erbium, Thulium, Ytterbium, et Lutécium).
Ces ETR (éléments de terres rares, autre nom utilisé) servent dans la production de plusieurs produits comme les smartphones, les ampoules nouvelles générations, des écrans de tv, les batteries de voiture électrique, des éoliennes ou encore des radars mais aussi dans le domaine de l’armement. On comprend l’engouement qui existe vis-à-vis de ces métaux rares !
Ces matières premières représentent aujourd’hui un marché de 9 milliards de dollars par an avec un impact réel sur l’économie de 7000 milliards de dollars de par leur utilisation indispensable dans les très nombreux produits technologiques évoqués ci-dessus.

Un nom générique trompeur mais qui s’explique !

Contrairement à l’expression, ces matières ne sont absolument pas rares… En effet, on trouves des terres rares sur quasiment toute la planèteTerres rares graphique. Selon une étude des Nations unies, l’«indice d’épuisement» des réserves dépasse 1200 années. Donc le terme « rare » n’est pas forcément justifié dans son sens premier. 


En revanche, ce qui est véritablement rare c’est les concentrations suffisamment importantes pour permettre d’ouvrir une mine rentable. L’extraction de ces métaux est effectivement complexe, très polluante (paysage défiguré, écosystèmes perturbés, pollution de l’air et des eaux, radioactivité) et donc onéreuse. C’est ces aspects qui entraînent cette rareté et qui fait que la Chine concentre à elle seule 70 % de la production mondiale, alors qu’elle ne possède « que » 37 % des ressources du globe, comme l’indique le graphique ci-contre. Grâce à une main d’œuvre abondante, peu cher mais aussi un gouvernement moins sensible aux problématiques écologiques, l’Empire du Milieu occupe une position de leader dans l’approvisionnement de nombreux pays.

Quid de l’Europe ?

Le continent européen n’est pas vraiment favorisé dans ce domaine. Dépendant de fournisseurs chinois, africains ou latino-américains à 75 % voire 100 % selon les métaux, le Vieux Continent tire la sonnette d’alarme depuis le début des années 2010.
Pourtant le sous-sol européen n’est pas dépourvu de réserves. La Scandinavie possède par exemple du germanium, le Portugal du lithium ou la France du tungstène. Depuis 2010, l’UE finance des projets d’exploration minière de terres rares. Malgré de « très bonnes » découvertes de mines potentielles, les conditions du marché, la volatilité des prix et le respect de l’environnement, les empêchent de se lancer.
Pour lutter contre cette dépendance, la Commission compte a créée fin septembre 2020 une "alliance européenne pour les matières premières" afin de renforcer la résilience de l’Europe. Cette alliance inclue tous les acteurs de la filière : les entreprises minières, les entreprises qui utilisent ces métaux critiques, celles qui recyclent, les ONG, les syndicats, les 27 États membres de l'UE, les régions qui sont intéressées et la Banque européenne d'investissement (BEI). Le but, selon Thierry Breton est de "diversifier l’approvisionnement" et de "développer ses propres capacités en matière d’extraction, de transformation, de recyclage, de raffinage et de séparation des terres rares". 

La pandémie a fait prendre conscience l’ensemble des pays du monde de leur dépendance vis-à-vis de la Chine qui n’hésite pas à faire peser sa domination dans la balance des négociations internationales. Nul doute que les terres rares sont devenus l’un des éléments phares des stratégies internationales !