Un accord commercial très important !
Rappelons tout d’abord qu’un accord de libre-échange a été signé en décembre 2020 par l’Union européenne et le Royaume-Uni.
En effet, compte tenu de l’importance et de la diversité des échanges avec le Royaume-Uni, la mise en œuvre de cet accord permet d’éviter pour les opérateurs économiques un surcoût parfois significatif au regard des tarifs douaniers applicables sans entente.
Cet accord de libre-échange et de coopération, qu'on peut qualifier de grande ampleur, crée une zone de libre-échange sans précédent, intégrant des exigences normatives élevées dans les domaines de l’environnement, des conditions de travail, des aides d’Etat. Plus ambitieux que les autres accords commerciaux sur le plan douanier et même s’il implique de déposer une déclaration en douane pour tous les échanges avec ce pays, il a permis d’éliminer pratiquement tous les tarifs douaniers. De fait, 87 % des produits échangés entre les deux blocs sont exemptés de droits de douane.
Et pourtant…
Malgré cette entente commerciale les entreprises ne sont pas complètement au rendez-vous…
Les faits sont indiscutables : les exportations françaises de biens vers le Royaume-Uni sont en recul, elles sont passées de 34 à 28 milliards d’euros entre 2019 et 2021.
Il y a incontestablement eu un phénomène de stockage d’anticipation de la part des Britanniques en 2019 et 2020 mais aussi l’effet de la pandémie. Mais le solde commercial, traditionnellement excédentaire, s’érode : il a atteint + 7,6 milliards d’euros en 2021, alors qu’il était à + 12,6 milliards d’euros en 2019.
Effet durable du Brexit, simple période de transition, mauvaise conjoncture économique outre-Manche ? La réponse à cette frilosité des échanges n’est pas simple.
Rappelons que le Royaume-Uni reste le 5ème partenaire commerciale de la France à l’export comme à l’import.
Tentative de réponse…
Parmi les explications à cette situation il apparaît que malgré les facilités d’échange accordées par l’accord commercial, le rétablissement des formalités douanières aux frontières a désorienté nombre d’opérateurs qui n’y étaient pas préparés.
Si on ajoute à cela une administration britannique qui a brillé par ses retards, on trouve sans doute les raisons du manque de dynamisme dans les échanges.
Effectivement, si la mise en place du nouveau système douanier électronique côté français a été un succès, en revanche, côté britannique, le manque de préparation a causé bien des soucis aux opérateurs. Les Britanniques ont été en retard pour mettre en place leur dispositifs de traitement des déclarations et de contrôles douaniers.
Mais ce n’est pas tout !
Au-delà de ces problèmes administratifs, le manque d’expérience et de savoir-faire en matière de formalités douanières a été un frein pour de nombreuses PME des deux côtés de la Manche.
Côté français, on estime qu’environ 30 000 entreprises exportent outre-Manche, mais parmi elles seulement ¾ avaient déjà exporté hors UE. Pour le quart restant, l’apprentissage à parfois été un point de blocage incontournable.
Chose incroyable, cette inexpérience fait que le taux d’utilisation des préférences commerciales liées à l’accord stagne à environ 76 %, il y a donc des entreprises qui payent des droits de douanes alors qu’elle pourraient en être exemptées.
Hausse des frais administratifs, nécessité de se réorganiser, absence de compétence en matière douanière ou de fiscalité, mauvaise maîtrise des Incoterms, nouvelles règles de marquage des produits britanniques, retards britanniques dans la mise en œuvre de leur nouveau système de déclaration douanier… il faut espérer que cette phase de transition, qui fait les beaux jours des sociétés d’accompagnement à l’export, ne s’éternisse pas trop longtemps !